«Attends, je suis malvoyant hein, pas aveugle ! ». Simplement deux dixièmes à gauche, et rien à droite, mais les clins d’œil,  il maîtrise, Joël Paris. A aujourd’hui 60 ans, cette déficience visuelle congénitale ne l’a pas empêché de vivre pleinement sa vie. Professionnelle dans la finance, et surtout sur l’eau, depuis qu’il a touché un bateau à voile la première fois à sept ans, à Granville. « Optimist, 420, Caravelle, la traditionnelle, quoi », se souvient celui qui revendique le fait d’avoir toujours fait du bateau… différemment. « Je vois, je suis autonome, rien ne pouvait m’empêcher de faire de la voile. Et surtout pas de la course au large. C’est là que n’importe qui, handicapé ou pas, se mêle aux autres, amateurs et professionnels. C’est là que les marins différents ont leur place ». Une place que ce Versaillais d’origine  débordant d’énergie veut laisser un peu aux autres dans ses rêves, à travers son association, « Rêve à perte de vue ». « C’est certain que je ne vais pas gagner des courses, mais c’est une façon de partager ». L’an passé, il a presque touché son but : participer à la Transat Jacques-Vabre,  sur l’ancien  Class40 de Cécile Poujol, acheté en 2022.   « On a réussi à prendre le départ, mais bon, c’est l’électronique qui a lâché, on n’avait pas un budget au top. Le vrai handicap, là, c’est pas la vue, c’est le manque d’argent ! » . Un budget ric-rac qui ne l’empêche pas d’être inscrit à la MED MAX Occitanie – Saïdia Resorts, avec son jeune co-skipper, Thibault Lecarpentier, 26 ans, navigateur-architecte, après avoir convoyé son Class40 depuis Lorient. « La Méditerranée, je connais, sourit ce Marseillais d’adoption. Ce sera pétole, baston, on aura de tout. Avec mon ancien voilier, on avait réalisé le temps de référence sur Marseille-Carthage avec un équipage handivalide. Plus des convoyages vers la Tunisie, la Sardaigne. Là, les Baléares, le Maroc. Ça va être top ».