En Class40, les vents fripons de la pointe est de Minorque ont joué les passages à niveau : levé pour les meneurs, baissé pour les suiveurs. En tête, un bras de fer italo-français s’engageait, entre un Ambrogio Beccaria «(Alla Grande Pirelli) », fêtant son anniversaire en menant la course, et un duo tricolore Achille Nebout (Amarris), Mikael Mergui (Centrakor) dans sa roue. Deux autres topguns italiens, Matteo Sericano ( Tyrolit) et Andrea Fornaro (Influence II) guettaient le moindre faux pas. Un peu distancés mais toujours dans le coup François Verdier (HaPlusPme) et Mathieu Claveau (Prendre la Mer – Agir pour la Forêt) faisaient bien plus que de la figuration.
En fin de journée, les étraves pointaient vers Ibiza.
Nouveau parcours : une île idyllique de plus dans le viseur
Décidément, cette MEDMAX ne sera jamais une course au large comme les autres. Après avoir raccourci le parcours initial des Class40 jugé trop aléatoire vu les prévisions météo, le comité de course, devant le rythme bien plus élevé des leaders de ces monocoques de 12 mètres ces deux derniers jours a rajouté une île à contourner aux seize duos. « Cela fait une centaine de milles en plus, précise Guillaume Rottée, le directeur de course. Ça évite une arrivée trop tôt à Saïdia, et puis les gars sont là pour naviguer ». Un détour d’une centaine de mille, donc, après la porte d’Ibiza, vers le nord-ouest, pour aller passer la plus grande des Iles Colombrete, au large de l’Espagne. « Une île volcanique, superbe, au sein d’une réserve naturelle. Avec des cailloux, comme en Bretagne, avec le soleil en plus et les marées en moins ». Après avoir laissé l’île à babord, les Class40 feront, comme prévu, cap vers Saïdia.
Ocean Fifty : on allonge la foulée
Les Ocean Fifty, eux, se sont lancés dans une partie de poker. Après un passage des Bouches de Bonifacio dans la nuit que tous ont qualifié de musclé, au portant, avec des points à 30-31 nœuds, la descente de la côte Est de la Sardaigne a occasionné son pesant de bataille tactique. Face à un air tonique regonflé par un flux entre Sicile et Tunisie, c’est au près que ces neuf multicoques géants ont du trouver les solution.
A ce petit jeu, c’est le plus ancien et le plus jeune de la flotte qui ont bien joué leurs cartes. Fabrice Cahierc (Realites), toute juste sexagénaire venant menacer le leadership de Koesio, suivi comme son ombre par Baptiste Hulin (Viabilis), pas encore 28 ans. Joli pied de nez que saluait à sa juste valeur Thibaut Vauchel-Camus : « Certains ont tenté la route au large et elle a été sacrément bien réussie par Viabilis ».
La nuit va encore très tactique, avec la remontée, derrière le quatuor de tête de Sébastien Rogues (Primonial) et du duo féminin Anne-Claire Le Berre – Elodie Jane Mettraux, bien revenus dans la course. Rien n’est joué, la prochaine ligne droit plein ouest entre la pointe de la Sardaigne et Ibiza devrait à son tour révéler tactique, avec un petit coup de mou prévu au milieu. Ah, la Méditerranée !
Bon anniversaire, Ambrogio !
Il l’avait noté sur ses tablettes : le jour de son anniversaire, Ambrogio Beccaria voulait être leader. Et c’était le cas, hier, en ce 1er octobre 2024, ou le talentueux skipper italien de « Alla Grande Pirelli » qu’il mène avec son compatriote Alberto Riva, fêtait ses 33 ans en menant à son train la flotte des Class40, le nez vers Ibiza. « On va y passer de nuit, mais tant pis, je n’irai pas fêter mon anniversaire là-bas », plaisantait celui dont le prénom, Ambrogio, signifie « immortel » ! Pour l’instant, celui qui qualifie la MEDMAX Occitanie – Saïdia de « Route du Pastis », en parallèle avec la Route du Rhum, préfère attendre l’arrivée à Saïdia pour fêter… la victoire !
Mots du bord… de rire !
Corentin Douguet (Centrakor) pressé : « Il faut continuer à courir derrière Pirelli et Amarris, trouver les bonnes risées. On espère que le vent va rentrer et qu’on arrivera à Formentera et Ibiza dans la soirée. Il paraît que les soirées là-bas sont sympas, l’idée nous plaît bien.
Matthieu Foulquier-Gazagnes (Sotraplants – TRS) cannibale: « Nous sommes bien reposés et notre moral est au beau fixe. Nous ne lâchons rien espérant manger nos deux copains juste devant nous »
Fabrice Cahierc (Realites) content mais… : « Le long de la côte est de la Sardaigne la nuit a été douce comme une caresse d’été. Le matin nous a accueillis avec un soleil radieux. Mais sans vent ! » Jamais content les marins !
Achille Nebout (Amarris) sans cartes postales : « Nous sommes quand même très déçus d’être passé de nuit au Cap Creus et à Minorque… Et possiblement à Ibiza ! Décidément, les photos « carte postale » ce sera pour une prochaine fois »
Anne-Claire Le Berre (Upwind by MerConcept) et le médecin : « Après avoir vu les falaises de la Sardaigne un bon moment, on navigue dans 12 nœuds de vent auprès et ça va vite. Avec le Rire Médecin qui nous colle aux fesses c’est pas le moment de faire la sieste ».
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