Cédric de Kervenoael : «La Med Max Occitanie-Saïdia Resorts dynamise le circuit méditerranéen»

Avec ses dimensions plus maniables et un budget moins gourmand que le grand frère Imoca, le Class40 n’en est pas moins un engin truffé d’innovations techniques aux performances grisantes. Portrait d’un bateau, imaginé en 2004, qui séduit autant les skippers professionnels que les amateurs éclairés. À l’image des équipages venus des quatre coins du globe pour courir la MED MAX Occitanie-Saïdia Resorts.Zoom sur le Class40 avec le président-coureur de l’association, Cédric de Kervenoael. Entretien avec notre rédacteur, Jean-Loup Robertier.
240416 – Lorient – Class40 Crosscall – Skipper : Aurélien Ducroz – ©Yann Riou / polaRYSE

Le Class40 fête ses vingt ans. Comment a été imaginé ce bateau ?

CdK : Au début des années 2000, une poignée de coureurs amateurs, plutôt des quadras, avaient envie de continuer à faire de la course au large, mais trouvaient que le Mini 6.50 s’était un peu trop humide et que les autres classes de bateaux étaient un peu trop professionnelles pour y avoir accès. Au travers de l’association, ils ont imaginé une jauge simple : une longueur, une largeur, un tirant d’eau, une hauteur de mât. Pour des bateaux destinés à prendre part à toutes les grandes courses au large (Route du Rhum, Transat Jacques-Vabre, etc.) et accessoirement pouvoir naviguer en croisière rapide, avec quelques aménagements succincts pour les rendre plus ou moins vivables. En 2004, le premier bateau de série a vu le jour.

Avec un succès immédiat ?

CdK : Dès la Route du Rhum 2006, pas mal de coureurs, surtout amateurs, qui n’avaient pas les moyens de bateaux adaptés pour y participer, que ce soit en Imoca (ndlr : monocoques de 60 pieds) ou en ORMA (multicoques de 60 pieds), se sont tournés vers le Class40. Il y a eu un succès fou, avec vingt-cinq inscrits sur cette course mythique en solitaire !

Et une évolution technique également très rapide…

Le premier skipper professionnel à intégrer la Class40 a été Giovanni Soldini qui, en exploitant la jauge au maximum, a construit un véritable prototype de course au large. À partir de là, les choses sont allées en s’accélérant avec des bateaux de moins en moins habitables, de plus en plus rapides, de plus en plus techniques. Mais toujours avec limitation des coûts au maximum : pas de carbone sauf pour le mât et le bout-dehors, pas de quilles basculantes, pas de foil, et idem en termes de voile, pour endiguer les envies de certains. Les architectes ont finalement travaillé sur les carènes. Et, en 2019, sont arrivés les fameux « scows », avec des avants très larges, tout en restant dans la largeur de la jauge. Ce qui donne des bateaux extrêmement rapides, extrêmement inconfortables, avec des performances et des vitesses affolantes.

 

L’ADN de la classe a toujours été d’avoir un mélange entre les amateurs à l’origine du projet, et les professionnels. D’où, d’ailleurs, pas mal de bateaux avec un amateur et un pro à bord. Il est impératif que les amateurs aient toujours leur place. On a donc aujourd’hui deux catégories de Class40 : les « sharps », les pointus, des bateaux de l’ancienne génération, tout de même très techniques et technologiquement assez poussés. Et les « scows » qui ont permis de passer une marche dans les performances.

Avec tout ça, l’esprit amateur de l’origine est-il toujours privilégié ?

CdK :L’ADN de la classe a toujours été d’avoir un mélange entre les amateurs à l’origine du projet, et les professionnels. D’où, d’ailleurs, pas mal de bateaux avec un amateur et un pro à bord. Il est impératif que les amateurs aient toujours leur place. On a donc aujourd’hui deux catégories de Class40 : les « sharps », les pointus, des bateaux de l’ancienne génération, tout de même très techniques et technologiquement assez poussés. Et les « scows » (ndlr : exactement scow bow, ce qui se traduit par étrave de chaland !) qui ont permis de passer une marche dans les performances. Tout en restant contrôlés par la jauge. Notamment sur le poids de jauge, qui est de 4,48 tonnes, ce qui oblige à avoir des bateaux structurés, et pas des bateaux « chiffons » hyperfragiles. Et des volumes imposés d’insubmersibilité pour que ces bateaux ne coulent pas. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a que des skippers pro qui naviguent en « scows ».

L’évolution se voit également dans l’augmentation des courses au large spécifiques aux Class40.

CdK :Ce qui était intéressant dans les courses multiclasses, c’est que cela attirait les sponsors de par la médiatisation des événements eux-mêmes. Puis il y a eu un parti pris d’organiser des courses qui soient dédiées aux Class40. Des transats, comme la Niji40, ou de la course offshore, comme la Normandy Channel Race, les Sables-Orta. Et aujourd’hui la MedMax. Il y en a de plus en plus, et le calendrier est terriblement fourni maintenant, un véritable casse-tête.

Avec aujourd’hui la MedMax, qui s’ajoute au circuit en Méditerranée.

CdK:La MedMax est tout à fait dans le sens de ce qu’on veut faire, développer, dynamiser le circuit méditerranéen. Et je suis hyper content que Kito, qui milite dans ce sens depuis longtemps, ait réussi à organiser cette course, avec un plateau très relevé, mêlant pro et amateurs, avec un parcours sympa mais aussi technique, un format idéal, avec une arrivée un peu exotique. D’ailleurs, il faut saluer la difficulté d’organiser une telle course. En termes de logistique, c’est bien plus facile de faire une course avec un départ et une arrivée dans un même port. Avec la MedMax, il y a une notion de voyage, de découverte. Et je me doute que ce n’est pas simple. Une arrivée à Saïdia me plaît énormément. Il faut profiter de ces pays qui ne connaissent pas forcément la voile. Et j’ai bien compris qu’il y avait un engouement au Maroc avec un superbe accueil qui attend les concurrents. Et puis on va la partager, cette course, avec les Ocean Fifty. Entre eux et les Class40, il y a beaucoup de porosité, avec pas mal d’anciens coureurs de Class40 passés au multicoque, et surtout une même philosophie de limiter les coûts, de maîtriser les budgets, avec une dimension humaine.

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